dimanche 15 janvier 2017

Douzième bonbon

Voici donc venir LA fameuse scène. Celle pour laquelle tout le reste a été écrit, la pierre fondatrice de cette fiction, l'IPN de tout ce grand n'importe quoi : la scène de wing!tentacleporn, que m'avait demandé jadis ma meilleure amie. 
Oui, tout ça pour ça.
Bonne lecture <3



Il était plutôt rare que le salon pourpre soit désert. Surtout en plein milieu de l’après-midi, alors que tous les pensionnaires étaient censés guetter des proies à enfermer dans leurs chambres. Cela dit, ça ne dérangeait pas vraiment Aello. Pour une fois qu’il pouvait profiter d’un peu de calme, il n’allait pas s’en plaindre.
Il noua ses cheveux en chignon et y planta une petite brindille pour les faire tenir en place. La nuque dégagée, il se sentit tout de suite beaucoup mieux.
Il faisait une chaleur terrible dans la maison et il était venu au salon chercher de quoi se rafraichir. Il se servit un grand verre de limonade et grignota un biscuit. En approchant d’une cloche métallique, il sentit la fraicheur chatouiller ses doigts et céda à la curiosité. En dessous, sur un joli présentoir, des glaces à l’eau l’aguichaient de toutes leurs couleurs appétissantes. Il en prit deux à la fois et s’empressa d’en gober une. La glace fondit sur sa langue, libérant un délicieux parfum de fruit rouge. Il leva le nez vers son perchoir, et fut tenté un court instant de se métamorphoser pour savourer sa glace en hauteur, mais finit par renoncer à l’idée. Il supportait à peine un pantalon de lin. Il n’allait pas s’encombrer de serres et de plumes.
Aello avait peut-être les cheveux blonds, mais il n’avait pas un corps d’hirondelle. Plutôt une silhouette de rapace. Il fallait être véloce pour attraper une femelle harpie, et encore plus pour pouvoir s’accoupler avec elle - même s’il n’avait jamais été très porté sur les filles. Elles lui en avaient d’ailleurs toujours voulu pour ça mais ici, à la maison, il était bien plus tranquille. La plupart du temps, du moins.
Il sentit peser sur lui le poids d’un regard insistant. Un frisson glacé lui traversa l’échine, certainement pas dû à la glace, et Aello se retourna prudemment. Tapis dans l’ombre de la pièce, caché derrière la porte d’entrée, Flocon fixait avec insistance la chute de ses reins.
Aello déglutit. Il hésita une petite seconde puis tendit d’un bras mal assuré la seconde glace à l’eau qu’il n’avait pas encore touchée.
– Est-ce que t’en veux ?
Le temps de cligner des yeux, et la bouche de Flocon était à l’autre bout du bâtonnet.
Aello faillit sauter au plafond. La fée goba la glace avec une indécence rare et Aello détourna si vite la tête que sa nuque craqua.
Cela faisait plusieurs jours que Flocon lui rôdait autour, et il avait bien remarqué la contrariété du jeune pensionnaire. La maison, d’ordinaire pleine de monde et de bruit, avait retrouvé une ambiance feutrée qui ne lui plaisait pas du tout. Dans le salon rouge, où tous les pensionnaires se chamaillaient d’habitude autour des petits gâteaux de la pâtisserie, le silence était désormais sa seule compagnie. Les clients aussi semblaient se faire plus rares, ou se faufilaient directement dans la chambre de leurs favoris. Ils n’avaient pas eu de visites dans le salon depuis un bon moment.
En chasse de sucreries autant que de compagnie, Flocon arpentait la maison à la recherche de quelqu’un à voir. La porte de Laè était désespérément close, autant que celle de Purr. Le centaure Bernabé ne quittait plus ses fourneaux, Driss et Inari étaient mystérieusement absents, Elendil lui avait publiquement signifié qu’il était beaucoup trop occupé en ce moment pour lui accorder du temps. Assis dans le grand canapé de velours rouge, Flocon regardait passer le temps, l’air morose, quand il n’épiait pas les rares personnes qui passaient, tapis dans un coin discret.
Aello ne résista pas longtemps devant ses grands yeux humides et ses longs cils qui battaient en cadence.
– D’accord, d’accord, je reste un peu avec toi...
Un sourire plus large que ses ailes déployées, Flocon s’installa avec lui sur le canapé et entreprit de dévorer sa glace d’une façon beaucoup plus conventionnelle. Aello l’imita, un peu perplexe. Il n’avait pas vraiment l’habitude de passer du temps avec Flocon. Ils s’entendaient bien pourtant, partageaient même souvent le perchoir du salon depuis lequel ils pouvaient bombarder les autres pensionnaires de projectiles divers. Mais leur camaraderie volatile s’arrêtait souvent là ; ils avaient tous les deux un certain succès dans leur catégorie, mais elles étaient trop différentes pour que leurs clients leur permettent de se croiser.
– Pourquoi tu prends pas plus de clients si tu t’ennuies tant que ça ? demanda Aello en écartant sa glace. Ils t’intéressent pas ?
Les lèvres pincées sur son bâtonnet, Flocon acquiesça avec une moue boudeuse. Son compagnon lui tapota le sommet du crâne d’un geste compatissant. Il n’aurait jamais pensé que le jeune pensionnaire soit si difficile. Il était tellement gourmand qu’il l’imaginait plutôt du genre... boulimique.
– C’est vrai qu’ils sont pas très nombreux en ce moment...
Flocon agita le museau pour acquiescer et continua de suçoter sa glace en silence. Le pauvre avait vraiment une petite mine. Tous les pensionnaires auxquels il s’était attaché étaient tous trop occupés pour pouvoir lui accorder du temps ou de l’attention. Or, si Aello avait bien saisi quelque chose à propos de la fée, c’est qu’une créature pareille avait énormément besoin d’attention.
– Tu sais quoi, Mordigann a reçu de nouvelles candidatures, y a pas longtemps. Tu devrais aller voir.
Flocon se contenta de soupirer en fixant le vide. La glace à la myrtille avait coloré ses lèvres en bleu et le petit bâtonnet en bois dépassait déjà du sommet. La harpie commença à paniquer.
Si même le sucre ne le consolait pas, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire ?
– C’est parce que Laè et Purr s’en vont, que t’es aussi déprimé ?
Flocon ne répondit pas et goba tout ce qu’il restait de son goûter. Il extirpa lentement le bâtonnet, les joues gonflées de glace à la myrtille, comme un petit hamster indigo.
– Ils reviendront, tu sais ? Même si Laè finit par retrouver sa peau, ils ont passé trop de temps ici pour s’en aller comme ça. On est un peu leur famille...
Du moins, Aello aimait à le croire, et il espérait très fort que ce soit vrai. Il y avait bien quelques pensionnaires qui les avaient déjà quittés, mais cela avait toujours concerné des personnes qui n’avaient vécu que quelques mois dans la maison avant de décider de s’en aller.
Ou alors, ce n’étaient que des mensonges qu’on leur avait racontés et en réalité, Mordigann les avait revendus pour rembourser leurs dettes. Ou pire, les avait dévorés. Mais Aello préférait ignorer cette hypothèse.
– Et puis, il y a des nouveaux pensionnaires qui vont nous rejoindre. Je suis sûr que tu t’entendras bien avec eux.
Flocon garda un long moment le nez vers lui, puis s’illumina d’un sourire, et Aello sentit son petit cœur de moineau se serrer très fort.
Trop. Mignon.
Aello étouffa tous ses principes et attira Flocon vers lui pour la consoler d’un câlin. La fée se débattit un peu avant de se résigner à subir en silence, lui rendant l’étreinte avec un petit sourire satisfait.
– Excusez-moi ?
Aello s’écarta aussitôt, les bras serrés autour du cou de Flocon. Ils levèrent tous les deux la tête par-dessus le dossier du canapé. Un jeune homme se tenait sur le seuil du salon, gardant la porte ouverte comme s’il n’osait pas vraiment entrer. La porte des clients.
Ils échangèrent un regard circonspect. L’instant d’après, ils bondissaient hors du sofa pour aller accueillir l’inconnu.
– Est-ce qu’on peut vous aider ? demanda Aello de son plus beau sourire.
Le jeune inconnu les dévisagea à tour de rôle. Il lâcha la poignée de la porte pour écarter quelques cheveux de sa crinière noire, chassant ceux qui lui tombaient sur les yeux. Aello fut certain d’entendre Flocon retenir sa respiration pendant toute la durée du geste. Ou bien c’était lui, qui avait cessé de respirer ?
Le client était tout habillé de cuir et de clous argentés. Ses muscles laiteux étaient apparents sous ses vêtements noirs.
Flocon se passa précipitamment la langue sur les lèvres, oubliant juste un peu de glace sur son menton, mais dut s’appercevoir bien vite que ses efforts étaient superflus. Le jeune inconnu avait les prunelles rivées sur les biceps d’Aello. Ou peut-être sur ses pectoraux ?
– Peut-être, finit-il par avouer.
Le ténébreux jeune homme redressa la tête avec un sourire candide, se rappelant sûrement qu’on regardait plutôt les gens normaux dans les yeux.
– Je cherche le bureau d’Orcus Mordigann ?
– Il est occupé pour l’instant, s’empressa de répondre Aello. Vous cherchez à devenir membre ?
Le jeune homme écarquilla les yeux l’espace d’un tout petit instant, puis retrouva un sourire qui fit chavirer la harpie. C’était comme s’allonger dans l’herbe pour regarder la pleine lune par une tiède nuit d’été. La voix grave de l’inconnu lui donnait des picotements dans le ventre.
– Devenir membre ? Non, je le suis déjà.
Aello n’avait pas conscience du sourire béat qu’il afficha aussitôt, pas même quand Flocon, les joues gonflées et la moue boudeuse, lui donna un coup de coude pour lui secouer les plumes. Les yeux noirs du jeune client pétillèrent d’amusement mais il ne fit aucune remarque.
– Mais peut-être que vous pourriez me faire visiter la maison, en attendant que monsieur Mordigann soit disponible ?
Flocon roula des yeux et préféra s’éloigner à tire d’aile plutôt que de supporter encore une fois le ravissement d’Aello. La harpie ne touchait presque plus terre. Il s’empressa de proposer son bras au jeune inconnu.
– Avec plaisir. Je serais ravi d’être votre guide. Je m’appelle Aello. Et le petit malpoli qui vient de s’enfuir, c’était Flocon.
Le jeune homme se mordilla la lèvre un tout petit instant, suffisamment pour embraser tout le corps de la harpie qui se força à retenir un gémissement éperdu.
– Moi, je m’appelle Nox.


Aello le fit s’asseoir d’une pression sur ses épaules, pour monter à cheval sur les cuisses de son invité. Nox sourit contre ses lèvres avant de l’embrasser à nouveau, serrant la taille de son hôte entre ses mains. Souffles, langues et jambes mêlées, c’était comme ça qu’Aello aimait faire connaissance avec les nouveaux clients.
Il n’y avait pas de meubles dans sa chambre, qui n’avait d’ailleurs rien d’une vraie pièce. Juste de la mousse, de l’herbe verte et des arbres aux troncs confortables. Une cascade chutait d’un mur de rocher pour serpenter entre les coussins de fleurs et les racines noueuses. Mais le Nox n’avait pas vraiment pris le temps de s’attarder sur la décoration.
Il faufilait déjà la main dans le pantalon d’Aello. Ce dernier étouffa un son de plaisir contre ses lèvres. Son aine était brûlante et la chaleur gagnait tous ses membres. La respiration plus forte, ses doigts ripèrent sur le torse pâle de Nox, s’enfonçant dans la chair tendre et douce de ses muscles.
– Tu veux bien sortir tes ailes ?
Le murmure aux creux de son oreille fit trembler Aello de la tête aux pieds. Quelque chose chez son partenaire lui faisait complètement perdre la tête. Il aurait pu s’abandonner dans ses bras juste pour l’entendre lui donner des ordres de sa voix grave. Avec un frisson, il s’exécuta, et délaça les drapés de son haut pour dégager son dos. Ses ailes jaillirent dans un froissement de plumes. Châtains, rayées de noir et de blanc, elles étaient si grandes qu’il aurait pu les envelopper tous deux à l’intérieur.
Le regard brillant, Nox glissa les mains dans les plumes soyeuses, avec une délicatesse extrême. La sensation était si grisante qu’Aello en gémit de bonheur, des étincelles de plaisir déferlant dans son corps.
Nox en eut l’air ravi.
– Je ne savais pas que les ailes étaient un point sensible. J’avais peur que ça soit douloureux.
L’humain avait l’air enchanté par sa trouvaille. Les yeux brûlants, Aello se mordit la lèvre inférieure et appuya les cuisses contre son bas-ventre.
– Ça dépend comment on fait...
Il taquina les lèvres de Nox, sentant les mains de ce dernier continuer de glisser entre ses plumes, ravivant la chaleur dans son aine et dans ses braies qui devenaient beaucoup trop étroites. Il lui rendit les caresses avec autant de fièvre, massant la bosse dans son pantalon en s’asseyant sur elle pour la presser contre son corps.
Nox grogna et l’embrassa à pleine bouche, l’emportant dans un tourbillon de sensations grisantes.
C’est à cet instant qu’il les sentit fourrager entre ses plumes. Comme une troisième main soyeuse, puis une quatrième, qui passaient entre ses rémiges comme une main serait passée dans ses cheveux, lui envoyant des frissons encore plus délicieux. Aello rouvrit les yeux, surpris. Quand il en sentit encore une autre glisser contre sa peau, en plus des mains de Nox vissées sur ses hanches, le désir en devint insoutenable et un sang bouillant afflua brusquement à travers ses veines. On ne l’avait jamais stimulé autant, partout à la fois.
Les lèvres de Nox s’étaient écartées. À la place, quelque chose de gros et de rond se pressa contre sa bouche, quelque chose qui lui donnait la sensation d’une peau fine et soyeuse. Aello hoqueta de surprise et eut un geste de recul. Le tentacule flottait devant lui, noir et luisant, sans aspérité. Les deux autres se faufilaient entre ses plumes comme s’ils savaient exactement comment faire pour le faire gémir de plaisir.
D’autres personnes auraient peut-être eu peur. Aello n’en fut qu’un peu plus excité, le souffle bloqué par l’envie. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas vu un client comme ça passer la porte de la maison. Il croisa le regard de Nox, appuyé contre le tronc d’arbre. Ce dernier avait le sourire amusé et les yeux brillants, sa veste en cuir grande ouverte sur son torse pâle. Les tentacules semblaient surgir de son ombre, ou de sa chevelure, il n’était pas très sûr. Il était certain, en revanche, qu’ils avaient l’air aussi impatient que son propriétaire, et que leur désir contenu attisait ses propres envies.
Aello referma avec précaution les paumes sur l’appendice velouté. Il le découvrit d’un coup de langue, étonné par sa douceur. Il le lapa avec un mélange de malice et de curiosité, suçotant l’extrémité arrondie, jusqu’à découvrir sous la pointe de sa langue un orifice caché qu’il s’empressa de taquiner. Il sentit le tentacule se contracter sous ses doigts. Il avait l’air prêt à bouger et changer de forme pour s’adapter à ses envies, peut-être pour ressembler à un vrai sexe turgescent ou à un gland érigé. Mais Aello le préférait autant comme ça. Il le caressa entre ses doigts resserrés avant de l’avaler goulument, poussant un son d’extase alors que l’organe envahissait sa bouche.
Les autres en tressaillirent de plaisir contre lui. Ils étaient encore plus nombreux, des tiges fines s’entortillant autour de lui pour défaire ses vêtements, faire glisser le tissu le long de sa peau frémissante. Il les sentit s’enrouler autour de ses cuisses et le surélever comme s’il ne pesait plus rien. Ils filaient partout entre ses plumes, comme autant de doigts agiles pour stimuler les zones les plus sensibles de son corps. Aello en avait la chair de poule. Le sang battait violemment dans son aine et il ne savait pas ce qui était le plus délicieux, les sentir glisser entre les plumes de ses ailes sensibles ou bien contre sa peau embrasée.
Il engloutit avec plus de fièvre le tentacule enduit de salive qui grossissait encore dans sa bouche. Il le sentait pulser contre ses lèvres, trembler sous ses doigts, perlant déjà d’un liquide au goût étonnamment sucré. Quelque chose d’autre buta contre sa joue et il entrouvrit les yeux, les joues en feu. Un second tentacule attendait son tour, fouettant l’air avec impatience. Aello enroula sa langue tout autour de lui, continuant de cajoler contre sa paume le premier tentacule, jusqu’à ce que ce dernier lui échappe.
Il hoqueta de plaisir et de surprise mêlé en le sentant filer contre la peau de son ventre. Il n’avait même pas réalisé qu’on l’avait complètement déshabillé. L’organe se pressa contre sa propre hampe qui pulsait d’envie, glissa contre son aine, et Aello écarta les cuisses sans la moindre retenue. D’autres tiges le soutenaient, enroulées autour de ses jambes et de sa taille, l’entourant de leur chaleur et de leur contact moelleux. Les ailes déployées et offertes aux caresses des appendices qui le faisaient frissonner, il se cambra par anticipation et étouffa un gémissement dans sa bouche pleine.
L’appendice se frotta à lui, coulissant entre ses cuisses pour se presser contre l’entrée de son corps, le faisant hoqueter de frustration à chaque fois qu’il se détournait pour continuer de l’aguicher.
Il n'en fallait pas plus pour lui donner envie de se venger. Il cajola de ses paumes le tentacule qu’il lappait avec envie, sur toute sa longueur, le couvrant de coups de langue enfiévrés. Il le suçota comme il l'aurait fait avec le gland pourpre de l'un de ses amants, soupirant d'aise en le sentant glisser contre ses lèvres, frémir et pulser comme un organe chaud, sans jamais forcer plus loin que sa propre volonté.
Un jet brûlant éclata dans sa bouche en le prenant par surprise. Il avait à peine sentit le tentacule se contracter entre ses doigts, trop absorbé par le plaisir qu’il prenait à le déguster de sa langue. Ça n’avait rien à voir avec le goût acre qu’il connaissait. C’était épais et sucré, tellement qu’il se prit à laper l’organe encore humide pour ne pas en perdre la moindre goutte. Cela eut pour effet de faire tressaillir l’autre tentacule qui se faufilait entre ses cuisses, comme si la sensation l’avait excité lui-aussi.
Un liquide chaud se mit à couler sur le bas du dos d’Aello, jaillissant peut-être de l’appendice qui continuait de se frotter contre lui. Il se mordit la lèvre, les joues en feu, luttant contre les gémissements d’envie qui voulaient franchir ses lèvres.
Le tentacule lubrifié l’empala d’une longue poussée, écartant et frottant ses chairs à mesure qu’il le pénétrait. Aello se cambra en poussant une plainte de plaisir pur, le cœur battant aussi violemment que l’organe brûlant qui s’imposait entre ses cuisses. Il avait écarquillé les yeux, mais sa vue était trouble et il referma les paupières de toutes ses forces pour chercher à dompter la sensation qui le consumait.
Le tentacule ne lui en laissa pas le temps. Il se retira en glissant hors de lui avec une aisance horriblement frustrante, pour mieux pousser de nouveau contre l’entrée de son corps et s’enfoncer profondément aux creux de ses reins. La réaction de la harpie fut tellement positive que l’appendice ne se gêna pas pour entamer sur le champ un langoureux va et vient.
C’était différent de la sensation qu’Aello connaissait. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas connu un plaisir pareil. Le tentacule ne se contentait pas de se frayer un chemin dans l’étau de son corps. Il se tournait et se frottait contre ses chairs sensibles, gonflait un peu plus au fur et à mesure qu’il s’enfonçait en lui, sur un rythme aussi profond que langoureux. Aello avait l’impression d’être rempli comme jamais il ne l’avait été, aucune parcelle de son corps n’étant laissée à l’écart. Il pouvait presque sentir les protubérances que le tentacule laissait gonfler pour presser contre sa prostate.
C’était trop pour Aello. Son orgasme le foudroya, comme une bouffée de plaisir soudaine qui explosa aussi soudainement qu’elle jaillit de son aine. Elle le laissa tremblant et perlant de sueur, le corps tendu et cambré contre les tiges luisantes qui continuaient de frôler son corps. Le plaisir avait surgit sans prévenir, irradiant encore à travers ses membres, le secouant de spasmes d’extases. Le tentacule les prolongeait encore en se frottant langoureusement en lui, jusqu’à ce que les tremblements s’apaisent.
Il sentit un filament effleurer son front pour chasser les longues mèches collées par la sueur. Il s’empressa de l’attraper entre ses doigts pour l’avaler avec chaleur, le sentant aussitôt gonfler entre ses lèvres et prendre la forme d’un gland à la peau soyeuse. Aello le garda longuement contre sa langue, le suçotant avec convoitise, jusqu’à ce que le tentacule imposant toujours logé aux creux de ses reins ne reprenne ses coups de boutoirs.
Il accueillit avec délice le retour de ses coups puissants à l’intérieur de son corps. Cet organe chaud qui le faisait sien à grandes poussées, le grisait autant que tous les filaments qui glissaient entre ses plumes, frôlant et caressant ses rémiges sans jamais lui faire mal, réveillant son désir plus vite que personne n’avait jamais réussi.
C’était intense, effréné, plus osé et immoral que tout ce qu’il avait pu faire ces dix dernières années, mais tout son corps en redemandait. Il se surprit à bouger ses hanches pour s’empaler de lui-même sur cette colonne puissante qui le malmenait. Le dos cambré, la gorge éraillée à force de gémir sous les décharges qui traversaient son échine, il avait l’impression de se consumer de l’intérieur. Sa peau en sueur n’arrêtait pourtant pas de frissonner.
Le tentacule se contracta et tressaillit en lui comme un véritable sexe sur le point d'éjaculer. Il se libéra en lui à grands jets, le remplissant de sa semence brûlante comme on l’avait rarement fait. Aello écarquilla les yeux et en gémit de surprise. C’était délicieusement indécent, terriblement addictif.
La sensation l'avait laissé tremblant et haletant, le liquide dégoulinant déjà le long de ses cuisses, alors que le tentacule, repu, l'abandonnait enfin.
Il faillit protester, perturbé par la sensation de vide soudain après les délicieux coups de hampe qu’il avait subi. Mais déjà, un second appendice s’immisçait en lui et le remplissait, aussi gros et gonflé que le précédent, pour le pilonner avec une ardeur décuplée. Aello gémit, et se mit à rougir en entendant les bruits humides que provoquait le tentacule en s'enfonçant dans ses chairs encore dégoulinantes de semence. Il sentit un jet chaud éclabousser son torse, puis deux minuscules tiges taquiner ses tétons avant de filer vers son sexe dressé. L’un deux s’enroula tout autour de sa verge en lui arrachant un son d’extase, comme pour bloquer le plaisir avant qu’il ne le consume. L’autre commença à enfler pour se presser contre l’extrémité rougie de sa hampe. Et l’engloutir peu à peu, comme un délicieux étau de gélatine, une bouche aux lèvres douces qui se refermerait sur lui, arrachant de nouveau gémissement lancinant à Aello. Il chercha à bouger ses hanches pour sentir encore ce délicieux frottement mais les tentacules raffermirent sa prise sur lui. Alors il préféra rester docile, et subir cette torture voluptueuse qu’ils lui faisaient subir. 
À nouveau, l’organe logé entre ses cuisses libéra en lui ses longs jets puissants. Il n’avait pas quitté son corps qu’un autre filament se faufilait contre lui pour l’envahir à son tour. Deux tiges, bien moins épaisses mais tout aussi agiles, commencèrent à s’enfoncer en lui en lui procurant des sensations nouvelles. Un nouveau tentacule se pressa contre sa bouche, la remplissant toute entière, étouffant ses halètement de plaisir qui n’en finissaient plus. Deux autres se pressaient contre ses paumes et il se mit à les caresser frénétiquement, jusqu’à les sentir l’éclabousser à leur tour, pour être aussitôt remplacés.
Il jouit, une seconde fois, ou peut-être qu’il s’agissait déjà de la troisième. Le filament enroulé autour de la base de son sexe contrôlait ses orgasmes et les faisait durer, le laissant à chaque fois un peu plus épuisé et quémandeur que la précédente. L’un des tentacules se libéra entre ses plumes, et c’était au moins aussi bon que de le sentir jouir aux creux de ses reins. Chaque goutte de semence sucrée qui coulait sur sa langue ou contre sa peau l’embrasait un peu plus, le maintenant dans un état d’excitation permanente qui lui faisait oublier la douleur dans ses muscles trop sollicités.
Il n’en pouvait plus, et pourtant, il en redemandait encore. Et puis tout s’arrêta brusquement.
Aussi vite qu’une bougie soufflée par une bourrasque, Aello sentit les tentacules quitter son corps un peu par un, pour qu’il ne reste plus que ceux qui le maintenaient en l’air.
Il gronda de frustration et battit des paupières, la vision encore plus floue que tout à l’heure. Il distinguait la silhouette de Nox en contrebas, les tiges noires qui flottaient autour de lui, comme dans l’expectative. S’ils étaient toujours là, pourquoi est-ce qu’ils ne revenaient pas en lui ? Il roula des hanches pour essayer de combler cette douloureuse sensation de vide. Un courant d’air le fit frissonner, et il réalisa sans vraiment comprendre que la porte était grande ouverte. Il aperçut une tignasse indigo dans l’embrasure avant que la fatigue ne s’abatte sur lui, comme un contrecoup au départ des tentacules.
Et avec le reflux du plaisir, la conscience du danger.
La respiration difficile, Aello lutta pour garder les yeux ouverts. Les filaments le reposèrent doucement sur le sol poisseux et il tangua un moment sur ses jambes, manquant de s’écrouler.
– Flocon... ?
La fée battit des ailes et des paillettes violettes s’amoncelèrent autour d’Aello. Il sentit un peu d’énergie revenir, juste assez pour lui permettre de tenir debout.
Nox s’était relevé, le sourire torve.
– Tu viens sauver ton petit copain ? C’est trop mignon.
Aello déglutit.
Il en avait conscience, à travers la bulle pâteuse de plaisir qui engourdissait sa cervelle.
Il avait fait une grosse bêtise.
Sur ce coup-là, il avait été bien trop confiant. Son corps frissonnait encore de tout le plaisir qui l’avait secoué, avec l’impression d’être passé dans une essoreuse à salade.
– Mais j’espère que t’es prêt à prendre sa place, dit Nox avec un sourire gourmand. J’ai encore faim.
Aello poussa un croissement étonné, mais la poussière de fée le poussa en avant comme une bourrasque d’air frais. Il croisa le regard de Flocon, et le sourire tranquille de ce dernier. Un peu trop tranquille, même.
Du coin de l’œil, il le vit clairement se lécher les babines avant de refermer la porte sur Nox et lui.
Aello resta planté sur le seuil, fixant la poignée close un long moment, avant de réaliser qu’il devait aller chercher de l’aide.


Mordigann s’assit bien au fond de son fauteuil, parfaitement callé. Il déplia avec soin une serviette en jaquart et la noua autour de son cou. Il ne voulait pas tâcher sa chemise.  
Son bureau était entièrement rangé. Il n’y avait plus rien d’autre sur la surface de bois vernis qu’une assiette blanche et des couverts en argent. Le plat de porcelaine était presque trop petit pour supporter l’énorme pièce de bœuf, un steak d’une ampleur phénoménale, aussi gros que l’appétit de Mordigann.
Seul dans son bureau, il se pencha au-dessus de l’assiette pour humer le parfum de la viande crue. Son estomac se contracta si fort que c’en était douloureux. Il ne pouvait plus rien faire pour retenir sa faim, désormais, et il donna un grand coup de fourchette dans la chair rouge et tendre. Elle fondit comme du beurre sous son couteau, laissa sur l’émail une tâche pourpre qu’il mourrait d’envie d’essuyer du doigt pour pouvoir la porter à sa bouche. Au lieu de cela, il engloutit le carré de viande qu’il s’était découpé et ferma les yeux pour le savourer.
C’était probablement le seul instant durant lequel la sensation de faim s’atténuait. Elle ne disparaissait jamais vraiment, elle devenait seulement plus forte et plus tenace quand quelque chose stimulait son appétit. Sa vie n’était qu’une succession de tentations contre lesquelles il devait lutter, pour contrôler son envie chaque jour un peu plus vorace. Tout lui donnait faim. Rien ne le rassasiait vraiment. Il n’y avait guère que la viande crue et la chaleur d’Elendil qui apaisaient par moment la douleur qui lui retournait le ventre. Il ne s’en plaignait pas, il avait appris à vivre avec. Mais la satisfaction que lui apportait chaque repas lui rappelai aussi à quel point cela pouvait parfois être dur.
Il avait englouti la moitié de son steak lorsque quelqu’un frappa à la porte. Des coups sourds, répétés, angoissés, qui lui firent froncer les sourcils et gronder de colère.
Son repas était sacré. Personne n’osait le déranger pendant qu’il mangeait. Ce n’était même pas une question de politesse ou de respect, mais juste une question de bon sens.
On ne dérangeait pas un ogre quand il prenait son repas.
Mordigann arracha sa serviette avec rage et lâcha ses couverts qui tintèrent sur l’assiette. La porte vacilla sur ses gonds lorsqu’il l’ouvrit, aussi frustré que furieux. Il se figea sur le seuil, les sourcils relevés par la surprise.
Devant lui, Aello tenait à peine debout, entièrement couvert d’une substance gluante, aussi blanc que la porcelaine de son assiette.
– Patron, balbutia la harpie malgré son souffle difficile. Y a.... y a un croquemitaine dans la maison.
Mordigann serra si fort la mâchoire qu’il faillit s’en briser les dents.
– Où ?
Aello tardait à réagir, à deux doigts de tourner de l’œil. Les entrailles de Mordigann se serrèrent un peu plus. S’il était dans un tel état d’épuisement et de fatigue, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Le croque-mitaine avait commencé son repas. Et il savait très bien que contrairement à lui, son frère ne s’arrêtait jamais avant d’être complètement rassasié.
– Dans ma chambre, avec Flocon...
Bernabé surgit dans leur dos, alerté par le bruit. Il arriva juste à temps pour soutenir la harpie qui tanguait sur ses jambes. Aello, dans les bras du centaure, se rétablit comme il put, rongé par l’inquiétude. Bernabé voulut le retenir mais son compagnon secoua la tête, les cheveux hirsutes sur son crâne décoiffé.
– Attends... ! Moi ça va... mais Flocon !
Bernabé fit mine de vouloir examiner la substance collante qui recouvrait son compagnon, mais le ton effrayé de ce dernier dut bousculer ses priorités. Pas certain de savoir ce qu’il fallait faire, le centaure le souleva pour galoper dans un grand bruit de sabot derrière leur patron. Ce dernier était déjà parti depuis longtemps, courant à grandes enjambées dans le couloir.
– Je les ai laissé qu’une minutes… ils devraient pas… enfin…
Mordigann ouvrit si fort la porte de la chambre d’Aello que la poignée fut arrachée dans un craquement sourd. Il la jeta en grondant de colère et écarta avec rage le panneau de bois. Pour s’immobiliser sur le seuil.
– Mordigann ? demanda Bernabé d’une voix blanche en freinant des quatre sabots. Qu’est-ce que...
Le centaure cligna plusieurs fois des paupières. Perché sur son dos, Aello s’agrippa à lui pour tenter de voir par-dessus son épaule. Il resta bouche bée.
Nox s’était assoupi contre le tronc d’arbre, un sourire sur les lèvres. Flocon reposait contre son torse, logé aux creux de ses bras. Les yeux clos, il soupirait dans son sommeil paisible. Mais il avait sur le visage un air qu’ils lui connaissaient bien. Celui qu’il affichait toujours quand, après avoir dévoré la moitié de leur réserve de sucreries, il s’allongeait enfin pour une sieste digestive.

Repu.

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